Belgium Quelques faits de lhistoire et de la petite histoire de la phoniatrie et de la logopédie belges. P.H. Dejonckere Instituut voor Foniatrie, Faculteit der Geneeskunde Universiteit Utrecht. Introduction Autant il pourrait paraître présomptueux dinsinuer que notre pays ait historiquement joué un rôle de pionnier en Europe etdans le monde en matière de phoniatrie et de logopédie, autant il serait injuste de ne pas mettre en exergue, dans le cadre dun opuscule sur lhistoire de lORL belge, les rares mérites ou le caractère particulièrement attachant dun certain nombre dhommes et de femmes qui se sont illustrés en se dévouant à la cause des troubles de la voix, de la parole, du langage et de la déglutition. Comme ailleurs, ces aspects de la pathologie nont pas intéressé que les oto-rhino-laryngologistes: la phoniatrie a une vocation de multidisciplinarité, et sest toujours investie dans la coopération avec une discipline paramédicale en particulier, la logopédie. Cest ce qui justifie linclusion dans ce chapitre, daspects historiques nationaux relatifs à cette discipline, avec laquelle nous avons, en tant quoto-rhino-laryngologistes, des relations privilégiées quil est - de lavis de lauteur - opportun dentretenir et de renforcer. Par ailleurs, lauteur demande la plus grande indulgence pour cet assemblage assez hétéroclite de données quil livre : lobjectif na été de collationner quelques informations éparses quil serait sinon malaisé pour le lecteur de retrouver. La pathologie de la voix, de la parole et du langage Louvrage de G. Rouma (1906) apporte quelques précisions sur des activités de nature phoniatrique en Belgique auXIXème siècle. Cest ainsi quen 1827, le roi Guillaume des Pays-Bas nomma une commission spéciale pour étudier les résultats obtenus dans le traitement du bégaiement par un nommé Malebouche, lequel désirait exploiter une méthode nouvelle quil tenait directement de linventeur : Mme Leigh de New York. A la suite du rapport très favorable de cette commission, le roi, par ordonnance du 4 octobre 1827, accorda à Malebouche le privilège de traiter les bègues sans concurrence et sous le protection du gouvernement. Sa majesté lui accorda, en outre, une gratification comme récompense du fait davoir introduit son art dans le Royaume des Pays-Bas. Dans le but de faire participer les bègues nécessiteux aux avantages de la nouvelle méthode, le gouvernement acheta ensuite le secret de Malebouche et le communiqua à un de ses médecins, qui eut charge de traiter les bègues pauvres. Ceux-ci, reçus gratuite ment, étaient tenus dobserver le secret de la méthode. La révolution de 1830 mit un terme à loccupation hollandaise, en même temps quau traitement du bégaiement selon Malebouche... En 1872, à la demande du bourgmestre de Bruxelles, un rapport fut fait par le dr Janssens, membre de lAcadémie royale de Médecine, sur le méthode de traitement des bègues de M. Chervin, de Paris. En 1885 et 1886, deux nouveaux rapports furent présentés à linspecteur en chef du service de santé sur la même méthode par une commission constituée à la demande du Conseil Communale de Bruxelles. Un cours dessai fut installé à lEcole Nr. 12 : M. Chervin donna des indications aux instituteurs, fit faire des exercices de respiration et exerça les élèves des classes inférieures à la lecture rationnelle, laquelle devait servir de moyen prophylactique contre lebégaiement. Les résultats ne répondirent pourtant pas à lattente, et le cours fut rapidement supprimé... Il faut signaler encore un rapport dun instituteur bruxellois qui examine en 1905 16.000 écoliers et calcule 1.25 % denfants atteints de bégaiement (Grégoire, 1948). Paul Hennebert (1981) cite le relevé statistique pour lannée 1905 du Service ORL de lHôpital Saint-Jean, dirigé par le Docteur Delsaux : la pathologie phoniatrique y est peu représentée : on ny retrouve en effet quune gueule de loup, 2 aphonies hystériques et 5 sourds-muets. Un document original intéressant est le registre de la Salle dhospitalisation ORL de lHôpital Universitaire Saint-Pierre à Louvain pour lannée 1925. Il rapporte, à la manière dun journal de bord, les faits et gestes quotidiens de loto-rhino-laryngologie dalors. Les pathologies phoniatriques y demeurent peu communes, mais lun ou lautre exemple laisse méditatif : Le 20 octobre B. I., de Bruxelle, 4 ans. Nasonnement. Division palatine très large,; fente allant jusquà larcade dentaire. Distance entre les bords internes 1 1/2 cm. Opération par le prof. V. d. Wild(enberg), assist. Drs Guns et De Prest. Anesthésie : chloroforme. Durée : 2 h. 45. le 21 octobre Lavement évacuateur et nutritif. On donne à boire pour mouiller les muqueuses buccales. Température 37°. Pouls 110. le 22 octobre Aspect extérieur : lenfant est tout à fait inactif. Auscultation : râles ronflants dans les 2 poumons. Coeur normal. Ne tousse ni crache. Pouls 125. Température 38° le soir. Mort à minuit. Résumé : urano-staphyl(oraphie). Décès. Dans les années 30, le Dr De Prest, ORL, examine à lHôpital Saint-Jean à Bruges les fillettes sourdes-muettes de lInstitut Spermalie, et prend linitiative, avec son frère dentisteet sa soeur logopède, formée par Maria Mussafia, de créer un centre de logopédie. La Ligue Nationale Belge dHygiène Mentale crée en 1932, sous la direction du professeur G. Vermeylen, de lU.L.B., un service de Logopédie sadressant principalement aux enfants inadaptés, en particulier bègues ou dyslexiques. Laspect médical est assuré par des pédo-psychiatres. Maria Mussafia y assurera, de 1933 à 1977 une consultation de Lo gopédie. Elle pratiquera également la Logopédie à la Clinique de la rue des Eperonniers, dirigée par le dr Mme Jadot-Decroly, au centre Neurologique de la rue de Linthout avec le Dr L. Laruelle, à lInstitut Fraiteur, au Foyer des Orphelins , àlHôpital Saint-Pierre, notamment dans le service du professeur Dubois, à la Clinique du War Memorial (Centre de Psychocinésie du dr Lust), et à lEcole Européenne. Pendant la seconde guerre mondiale, Maria Mussafia exerce dans le service dORL du professeur van den Branden. |
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Portrait de professeur Paul Guns (reproit de son image funéraire) | ||||||||
En 1953, le professeur Paul Guns (Fig.1) crée le service de Logopédie aux Cliniques Universitaires St Pierre à Louvain en 1953 : La première logopède, la fondatrice du service, est Marie-Thérèse Barbaix, qui terminait alors ses études dEducation Physique à lUCL (avec mention extraordinaire sur le diplôme spécialisation en logopédie (15.07.53), spécialisation qui nexistait pas encore officiellement) avec un mémoire intitulé Apercu général de la Rhinolalie. Melle Barbaix fera par la suite lalongue (40 ans) et brillante carrière que lon sait à lUniversité Catholique de Louvain, et participera notamment à la formation de générations de logopèdes. Françoise Estienne la rejoindra vers 1960. Dans les années 50 et 60, Lucie Goldsmit travaille comme logopède aux Cliniques St-Pierre (Bruxelles) : elle sest formée notamment aux Etats-Unis et est licenciée en Pathologie du Langage de lUniversité de Pittsburgh. Mme Jarbinet, pionnière de la logopédie dans la région liégeoise, faisait elle aussi des consultations logopédiques à lHôpital de Bavière dans les années 50. Le 9 mars 1968 est inauguré - en présence notamment de M. Maron, Administrateur-Directeur du Fonds National de Reclassement Social des Handicapés - le Centre dAudio-Phonologie delU.C.L. à lEcole de Santé Publique, premier bâtiment érigé sur le site actuel de Woluwe-Saint-Lambert. Peu de temps après, ce Centre prendra le nom de son fondateur: Paul Guns. Vers la même époque et dans les années 70 le professeur Denis Hennebert et le Dr Claude van Michel (né le 25.05.1942) dé ploient leurs activités phoniatriques dans le cadre du Centre du Langage de lUniversité Libre de Bruxelles .Mme Luce Dessy fonctionne comme logopède. Rappelons encore quen 1980 a été présenté à la Société Belge dORL le rapport : La portion mobile de la langue (Blondiau, P., Dejonckere, P., Dourov, N., Jortay, A., Milaire, J., Uziel, A. et Van Breuseghem, R.) Dans le contexte historique des troubles de la voix, de la parole et du langage, il faut également considérér le traitement et léducation des enfants atteints de surdi-mutité, domaine dans lequel la Belgique a joué un rôle digne de notoriété : Il semble que la première institution ou école pour sourds-muets en Belgique remonte à lannée 1763, et est loeuvre de Marie-José De Brabandere à Meulebeke. En 1785, Constantin Van Hansbroecke tente de constituer une Société démulation pour sourds-muets et aveugles à Liège, mais la Révolution Française anéantira ses efforts. En 1793 se crée à Tournai un Institut pour Sourds et Muets dont lexistence semble navoir été quéphémère. Jean Baptiste Denis Pouplin fonde à Liège un institut semblable, lequel recevra la visite de Guillaume dOrange. Le chanoine Jozef Triest (né à Bruxelles en 1760; décédé en 1836), quelquefois surnommé le Vincent de Paul Belge, sest avec beaucoup de dévouement intéressé aux sourds-muets, spéci- alement dans la région gantoise (statue à Gand). Il est le fondateur de 4 congrégations religieuses, dont celle des Frères de la Charité, et il crée ,vers 1820, le premier Institut pour sourds-muets en Flandre ,lequel reçevra en 1829 le qualificatif de royal. Son oeuvre sera poursuivie par labbé Désiré De Haerne (né à Ypres en 1804, décédé en 1890), prélat, éducateur et homme politique. Disciple de Lamennais, il fut un ardent promoteur de lindépendance belge et de la liberté de lenseignement dabord comme membre du Congrès National, puis comme député (1831-1833;1844-1890). Il joua un rôle particulier dans lintroduction de méthodes nouvelles déducation pour sourds-muets dont il soccupa à Bruxelles et en Angleterre, allant jusquà prendre linitiative dune fondation en Inde. Il imagina la Sténo-chirologie, méthode de communication signée faisant appel aux deux mains. Le frère Florent Stockmans (1844-1922) optera, quant à lui pour loralité. En 1873 il devient directeur de lInstitut Guislain à Gand. A la fin du XIXème siècle, des instituts existent à Bruxelles, Gand, Liège, Namur, Woluwe-Saint-Lambert, Bruges, Maaseik, Anvers et Berchem-Sainte-Agathe. Jusquen 1880 (Congrès de Milan), on y applique principalement la Méthode Française de lAbbé de lEpée. Ensuite ce sera lère de loralité. Vers 1926-1930, on parlera même de la Méthode Belge, propagée par A. Herlin, directeur de lInstitut de Berchem-Sainte-Agathe. Elle sinspire des principes pédagogiques dOvide Decroly, et met laccent sur la prise de conscience de la fonction symbolique du mot écrit. Dès la première décennie de ce siècle sont édités des périodiques sur le thème de la surdi-mutité : Le sourd-muet belge et la Revue belge des sourds-muets et de leur enseignement, dans lesquelles publie notamment A. Herlin. En 1933, le Rapport de la Société Belge dORL est intitulé : Lexamen des sourds-muets, et est de la plume du docteur De Prest. Plus près de nous, Olivier Périer, qui deviendra neuro-anatomiste et professeur à lULB, se rendra célèbre par ses idéessur lintégration des déficients auditifs sévères et profonds dans les circuits denseignement normal (Centre Comprendre etarler ; Ecole Intégrée). En collaboration avec le dr Courtoy, il rédige le Rapport 1972 de la Société Belge dORL : Léducation audio-phonologique, pédagogique et professionnelle de lenfant déficient auditif. LU.N.A.S. - N.U.A.S. regroupant initialement les audio-prothésistes acousticiens, sélargit en 1960 aux professeurs pour déficients auditifs et aux logopèdes-orthophonistes. Le Comité de logopédie est constitué de L. Goldsmit, M. Jamoul, D. Jarbinet et C. Groffils. II. - Lenseignement de la Phoniatrie et de la Logopédie Le premier cours universitaire de Phoniatrie Lenseignement spécifique de la Phoniatrie au niveau universitaire date en Belgique du début des années 40. Cest alors que Mgr P. Ladeuze, Recteur Magnifique de lU.C.L., crée une chaire (en fait, un cours) de Phoniatrie, au départ destiné aux étudiants en psychologie et en pédagogie, et optionnel pour les étudiants en médecine. Le premier titulaire en sera le professeur Paul Guns, qui travaillait à ce moment au servi ce dORL de lHôpital universitaire Saint-Pierre (Louvain), comme adjoint du professeur Van de Wildenberg, dAnvers. La formation en logopédie Les débuts En octobre 1951, la Ligue Nationale Belge dHygiène Mentale a.s.b.l. organise (bénéficiant de lappui éclairé du Ministère de lInstruction Publique) des Cours élémentaires de Logopédie pour Instituteurs. Ces cours se donnent denovembre à avril le jeudi après-midi, de 3 à 5 h., en un cycle de 2 années. La première année comporte essentiellement descours théoriques : Anatomie du larynx, physiologie de la phonation Anatomie de loreille, physiologie de laudition Développement du langage chez lenfant Hygiène de la voix. Troubles du langage: retards de parole, dyslalies diverses, bégaiement. Corrélations psychiques des troubles de la parole. Problème connexe des troubles de la parole : la dyslexie. La seconde année assure la pratique étendue des traitements des dyslalies grâce à la fréquentation de la consultation de logopédie de Melle Mussafia au Dispensaire dHygiène Mentale de Bruxelles. Une brochure de 1955 signale que ce cours est suivi, depuis son origine par des istitutrices, instituteurs, des directeurs dinstituts médico-pédagogiques et des psychologues venus de Flandre et de Wallonie. En Flandre existe, dès 1950, une formation de spraakleraar dans le cadre des Tijdelijke Normaalleergangen, qui dispensent des enseignements sous forme de cours à temps partiel. Cette formation est également de 2 ans, et a lieu à Zwijnaarde et à Duffel. Parmi les enseignants figurent le Père Orest, desFrères de la Charité, et le professeur P. Kluyskens. A Anvers, la Katholieke Hogeschool voor Vrouwen crée en 1952 une section Assistants en Psychologie : Lun des cours est intitulé Inleiding tot de Logopedie et est donné par G. Audenaert, diplômé de Nimègue. Lannée scolaire 1956-1957 est créée une spécialisation en logopédie et en phoniatrie (2 ans) après le diplôme dAssistant en Psychologie. Beaucoup de stages ont lieu à Leiden, chez van Dishoeck. A partir de lannée scolaire 1960-1961, la logopédie se sépare de la section Assistants en Psychologie, et devient une formation spécifique qui mène, après 3 ans, au Graduat en Logopédie. A Bruges est fondée le 6 janvier 1957 la Vlaamse Vereniging voor Logopedie en Foniatrie qui donnera limpulsion au Hoger Instituut voor Logopedie en Foniatrie, où sera également dispensée une formation de logopède en trois ans. A Gand (Hoger Rijksinstituut voor Paramedische Beroepen), les études de Graduat en Logopédie démarrent en 1959. En 1964, un Arrêté Royal crée officiellement le Graduat en Logopédie. La formation universitaire : la Licence en Logopédie Les débuts de la licence en logopédie en Belgique datent du début des années 60: A lUCL, les instigateurs sont les professeurs Guns et Thinès. Cette licence est mentionnée en 1963 parmi les études complémentaires à la médecine.Parmi les premiers professeurs on retrouve MM. Legrand, Costermans, Meulders, ainsi que Mme de Galocsy. Depuis 1964 existe à la K.U.L. une Licentie in de Taalpsychologie en Logopedie, créée à linitiative (entre autres) du professeur Tyberghein. A partir de lannée académique 1966-67, les deux orientations deviennent distinctes. Depuis 1983-1984 existe le doctorat en Logopédie. A la V.U.B. se crée fin des années 60 une Speciale Licentie in de Neurolinguïstiek, dont les titulaires seront à partir de 1978 assimilés aux licentiés en Logopédie. Ultérieurement une licence sera également créée à lUniversité de Liège. III. Quelques notices biographiques E. Blancquaert, émule de lAbbé Rousselot et professeur à lUniversité de Gand, fonde dans cette université un Laboratoire de Phonétique et dOrthoépie.Il jouera à la fin des années 50, un rôle stimulant dans la création de la formationdes gradués en logopédie à Gand. Ovide Decroly (né à Renaix, où une rue porte son nom, en 1871, décédé à Bruxelles en 1932), médecin, professeur de psychologie de lenfant à lUniversité de Bruxelles. Promu docteur en Médecine à Gand en 1896, il fait dabord à Berlin et à Paris des recherches sur lhistologie du cerveau. Revenu à Bruxelles, il sintéresse à la pédagogie denfants retardés, en particulier sur le plan du langage, et montre limportance de la fonction de globalisation dans la perception du milieu externe. Il appliquera bientôt sa méthode pédagogique à des enfants normaux dans la célèbre école de lErmitage. Le Plan dEtudes (1936), servant de base à la réforme de lenseigne- ment primaire en Belgique, est largement inspiré de ses théories affirmant que lappréhension de lunivers par lenfant est syncrétique. Cette vision a notamment amené Decroly à préconiser la méthode globale pour lapprentissage de la lecture. Il fut président du Premier Congrès International de Pédologie et est lauteur dun ouvrage intitulé Développement du Langage. La famille De Prest sillustre dans les années 50 par la publication dun ouvrage très remarquable pour lépoque :De Stem : Inleiding tot de Foniatrie en de Logopedie, primairement conçu comme syllabus de cours pour lInstitut de Bruges, rédigé en commun par Mme G.E. De Prest, professeur audit institut, par le Dr De Prest, oto-rhino-laryngologiste, et L. De Prest, licencié en sciences dentaires et orthodontiste. A noter, chose remarquable à cette époque en Belgique, que le Dr De Prest se qualifie de Neus-, Keel-, Oor- en Stemarts. Albert Drymael, alors chargé de cours à lUniversité Libre de Bruxelles, fait éditer en 1969 ses Principes de Phoniatrie, dans lesquels, comme lindique la notice de louvrage,lauteur tente de faire une synthèse de sa double expérience de laryngologue et de musicien, pour aider ses confrères à résoudre les problèmes thérapeutiques difficiles mais que leur pratique journalière leur fait rencontrer. Il publiera égale ment Grandeur et servitude de la Phoniatrie dans les Acta ORL Belgica 1972. A. Grégoire fait éditer en 1923 Les Vices de la Parole chez Wesmael Charlier à Namur et en 1948 Le bégaiement dans la collection Savoir des Editions Lumière à Bruxelles. Paul (Jean Louis Désiré) Guns, né à Ligne le 29 décembre 1898, docteur en médecine en 1924. Il devient assistant au Service dORL de lhôpital St-Pierre à Louvain et est nommé Chef de Cloinique en 1928. En 1933, il est nommé Maître de Conférences, en 1940 Chargé de Cours et en 1942 professeur. Comme le souligne le Doyen Berthet dans son éloge funèbre, ces promotions académiques trouvaient leur première justification dans une activité denseignement et de service dun type bien particulier : la phoniatrie. Il ne prendra en effet part àlenseignement de loto-rhino-laryngologie quen 1948. Il publie la première édition de son Manuel de Phoniatrie chez Warny à Louvain, en 1943. Suivront les Leçons de Laryngologie et de Phoniatrie (première édition 1958; deuxième édition, E. Warny, 1960). Paul Guns sera également nommé Vice-Consul du Portugal, et membre de lAcadémie Royale de Médecine de Madrid. Il fonde la Societas Logopedica Latina et organise à Louvain en avril 1966 (sous le patronage de S.A.R. la Princesse Paola) le premier Congrès Latin de Logopédie qui réunit la plupart des notoriétés de lépoque : On trouve au programme, pour la Belgique : H. Plisnier, M. Mussafia, M.-T. Barbaix, S. Leroy, G. Thinès, P. Van De Calseyde, J. Huyghebaert, J. Marquet, O. Périer, J. Costermans, aux côtés de P. Ardouin (Tours), R. Husson (Paris) , S. Borel-Maisonny (Paris), J. Cauhépé (Paris), G. Rudolph (Poitiers), S. Crifô (Rome), G. Greiner (Strasbourg), C. Chevrie-Muller (Paris), Y. Guerrier (Montpellier), et bien entendu de celui que le Recteur Magnifique de lépoque nomme le zélé assistant du professeur Guns : le dr Johan Van Den Eeckhaut. Le profes- seur Guns décède à Louvain le 9 janvier 1972. En 1975 sera décerné pour la première fois (par sa veuve Mme P. Guns-Nicolaers et le Recteur de lUCL Mgr A. Descamps) le Prix Dr Paul Guns, le prix institué à sa mémoire pour des travaux de recherche dans le domaine de la Phoniatrie et de la Logopédie. A. Herlin, professeur à lInstitut provincial de sourds-muets et daveugles de Berchem-Ste-Agathe, est lauteur dun ouvrage intéressant Eléments dOrthophonie ( 1ère édition : 1906, nouvelle édition revue et augmentée : 1910, 198 pp. ) où il distingue les défauts darticulation, les défauts de la voix, les troubles de lélocution, et les accents locaux et étrangers . . Yvan Lebrun, neuro-linguiste, né le 13 février 1935 à Uccle, professeur à la VUB : Auteur de Intelligence and aphasia (1974), The artificial larynx (1973), Neurolinguistic approaches to stuttering (1973), Anatomie et physiologie de lappareil phonatoire (1968). |
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Portrait de Maria Mussafia (reproduit de son image funéraire) |
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Maria Mussafia (née à Vienne le 23 septembre 1899, décédée à Ixelles le 14 novembre 1985) restera dans lhistoire comme celle qui a donné à la logopédie belge son impulsion décisive. Sa formation première est artistique : elle travaille l artlyrique au Conservatoire de Vienne et fait en cette ville un brillant début de carrière. Après une dizaine dannées de prestations vocales intensives surviennent de sérieux problèmes vocaux, qui lamènent à consulter Emil Fröschels, alors professeur de Phoniatrie à Vienne. Un traitement rééducatif couronné de succès (elle chantera encore à la Monnaie) détermine néanmoins une nouvelle orientation dans la carrière de Maria Mussafia : de patiente, elle devient lélève de Fröschels. Une photographie historique (non datée) publiée dans The History of IALP (J. Perello) la montre aux côtés de Fröschels à la consultation de Phoniatrie de lAllgemeines Krankenhaus à Vienne. Sa collègue y est Esti Freud (belle-fille de Sigmund). Elle est également active dans le Service dORL, alors dirigé par le professeur H. Neumann. Elle côtoie un moment, à Prague, le professeur Miloslav Seeman, dont elle traduira plus tard le traité Sprachstörungen bei Kindern en français. Elle va désormais consacrer toute sa vie (elle rééduquait encore en 1981) aux patients atteints de troubles de la voix, de la parole et du langage. En 1932, elle vient à Bruges à linvitation du Docteur De Prest, oto-rhino-laryngo-logiste très intéressé à la Phoniatrie. Elle travaille au dispensaire de la Ligue Nationale dHygiène Mentale, à lInstitut Decroly, à la Polyclinique de Bruxelles, au Centre Neurologique de Linthout, et au Foyer des Orphelins. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, elle déploie une activité considérable pour la formation de logopèdes en Belgique. Elle propage ses vues grâce à plusieurs publications dans la Revue Pédagogique et dans Le Scalpel, et suscite, avec le Dr Melle M.-T. Callewaert, un cours de logopédie à la Ligue dHygiène Mentale. Ces cours se donnaient à temps partiel,constituaient un cycle de 2 ans, et sadressaient à un public varié, mais surtout constitué dinstituteurs et educateurs. Y participaient à lenseignement le Professeur Guns, Melle Brunfaut (langage écrit), autodidacte en la matière , Melle M.T. Barbaix, le Dr M.T. Callewaert, neurologue, et bien sûr Maria Mussafia en personne. Ces études débouchaient sur un certificat. Ultérieurement le cycle sera de 3 années (dernier cycle 1963). Maria Mussafia donnera ensuite à lInstitut Marie Haps le cours Les troubles du Langage et leur rééducation. A la fin de sa carrière, elle sintéressera en particulier aux problèmes de langage des enfants immigrés et à la désintégration sénile du langage. Maria Mussafia était également Oblate Bénédictine, et présida lAssociation des Logopèdes, de sa fondation à 1982. Fröschels a résumé sa carrière professionnelle dans cette phrase, quil lui écrivit de New York le 20 septembre 1954 : Sie sind die Belgische Pionierin. Joseph Plateau (Bruxelles 1801 - 1883), professeur de physique expérimentale à lUniversité de Gand, étudia le phénomène de la persistance rétinienne, et a joué un rôle déterminant dans la découverte de la notion de stroboscopie. Emile Sigogne : Chargé du cours déloquence à lUniversité de Liège. Auteur (1895) des Principes de technique et dhygiène vocales. Bibliographie Barbaix, M.T. : Histoire de la Logopédie in Naissance et développement de loto-rhino-laryngologie dans lhistoire de la médecine Willemot J. (Ed.) Acta Oto-Rhino-Laryngol. Belg. 35, Suppl.III, 789-815, 1981. Barbaix, M.T. : Communications personnelles, 1995. Berthet, J. : Eloge funèbre du professeur Paul Guns. Le Langage et lHomme, 18, 3-6, 1972. Damsté, P. H. : De Universitaire Opleiding in Logopedie aan de K.U. Leuven. Logopedie en Foniatrie, 53, 54-55, 1981. Dejonckere, P. : Historique de la Phoniatrie, in Naissance et développement de loto-rhino-laryngologie dans lhistoire de la médecine Willemot J. (Ed.) Acta Oto-Rhino-Laryngol. Belg. 35, Suppl.III, 729-788, 1981. De Prest, G.E. : De Stem. Inleiding tot de Foniatrie en de Logopedie. N.V. Standaard Boekhandel, Antwerpen - Brussel - Gent - Leuven, 167 pp., 1957. Drymael, A.: Principes de Phoniatrie, 58 pp. Presses Universitaires de Bruxelles, Bruxelles, 1969. Drymael, A. : Grandeur et servitude de la Phoniatrie. Acta oto-rhino-laryngol. belg., 26, 810-814, 1972. Goldsmit L. : Le bégaiement, approche thérapeutique, Editions de lUniversité de Bruxelles / librairie Maloine Paris, 1979, 154 pp. Grégoire, A.: Le bégaiement (60 pp.). Collection Savoir, Editions Lumière, A. Manteau S.A., Bruxelles, 1948. Guns, P. : Manuel de Phoniatrie. E. Warny, Louvain, 244 pp., 1943. Guns, P. : Leçons de Laryngologie et de Phoniatrie. Première édition 1958; deuxième édition 1960. Préface de J. Terracol. E. Warny, Louvain. Hennebert, P. Naissance de loto-rhino-laryngologie belge, in Naissance et développement de loto-rhino-laryngologie dans lhistoire de la médecine Willemot J. (Ed.) Acta Oto-Rhino- Laryngol. Belg. 35, Suppl.III, 1601-1622, 1981. Herlin, A. : Eléments dOrthophonie. Nouvelle édition revue, augmentée et ornée de 54 figures. 199 pp. Castaigne, Bruxelles, 1910. Herlin, A. : Acquisition du langage par lenfant : normal; aveugle; sourd; sourd et aveugle. (Conférence faite à Schaerbeek, le 5 septembre 1907) Ancienne Librairie Castaigne, 3ème édition, Bruxelles. Lebrun, Y. : Anatomie et Physiologie de lAppareil Phonatoire. Labor, Bruxelles; Nathan, Paris, 103 pp., 1968. Legrain, P. : Le Dictionnaire des Belges. Paul Legrain,Bruxelles , 1981. Lurquin, G. : Hommage à Maria Mussafia. Le langage et lHomme, 16, 2-6, 1971. Moerman, G. : De geschiedenis van het logopedisch onderwijs in Nederlandstalig België. Verhandeling Lic. Logop. K.U.L., Faculteit Geneeskunde; Afdeling Logopedie; 173 pp. Academiejaar 1987-1988. Mussafia, M. : Les troubles du langage et la vie en société. Revue Pédagogique, 6 (non paginé), 1950. Mussafia, M. : La Logopédie. Revue Pédagogique, 7 / 8 (non paginé), 1950. Mussafia, M. : Quarante années de Logopédie. Van Linthout, Louvain, 1972. Mussafia, M. : Vingt-quatre ans de logopédie à la Ligue Nationale Belge dHygiène Mentale. Acta ORL ibero-americana. Proceedings Xth International Speech and Voice Therapy Conference. J. Perello, Ed. 127-130, 1957. Perello, J. : Lexicon de Comunicologia. Talleres Graficos L.&E., S.A., Barcelona. 1977. Perello, J. : The History of I.A.L.P. 1924-1982, Editorial Augusta, Barcelona, 1982; Rouma, G. : Lorganisation de cours de traitement pour enfants troublés de la parole . Tiré-à-part de Internationales Archiv für Schulhygiene III. Band, 2. Heft. Leipzig, Wilhelm Engelmann, 116-170, 1906. Rysenaer, L. : La surdi-mutité, in Naissance et développement de loto-rhino-laryngologie dans lhistoire de la médecine Willemot J. (Ed.) Acta Oto-Rhino-Laryngol. Belg. 35, Suppl.III, 837-897, 1981. Seeman, M. : Les troubles du langage chez lenfant, traduction de Maria Mussafia, Maloine, Paris, 1967. Sigogne, E. : Lart de parler. 245 pp. Paul Lacomblez, Bruxelles, 1895. U.N.A.S.-N.U.A.S. (Bulletin) : Avril 1960, P.2. Remerciements Que Monsieur Louis Heylen , président de la Vlaamse Vereniging voor Logopedisten, Mme Françoise Dejong Estienne et en particulier Melle Marie-Thérèse Barbaix veuillent trouver ici lexpression de ma sincère gratitude pour la bienveillance avec laquelle il mont fourni dutiles renseignements ou mis à ma disposition des documents darchives leur appartenant. |